Origines d’un mythe, mythe des origines

L’américanité des commencements dans « La saga des Béothuks » de Bernard Assiniwi

Résumé

Le mythe américain est un récit de transformation ancré dans l’espace continental et il traverse l’imaginaire tant états-unien que québécois, depuis James Fenimore Cooper jusqu’à Jacques Poulin. La figure de l’Amérindien comme agent médiateur y est centrale, en ce qu’elle accompagne la métamorphose de l’Européen en un homme du Nouveau Monde. Cela dit, l’émergence au Québec de voix littéraires autochtones au cours des dernières décennies offre un réinvestissement du mythe américain en opérant un glissement de focalisation : dorénavant, certains auteurs amérindiens témoignent des changements occasionnés par l’arrivée des Européens. Le présent article vise à analyser les manifestations du mythe américain dans le roman historique « La saga des Béothuks » de Bernard Assiniwi. La principale hypothèse tend à démontrer qu’Assiniwi mobilise le mythe américain afin de reconfigurer les solidarités identitaires autochtones et ménage ainsi un espace de coexistence symbolique où l’altérité permet une régénération de l’acteur amérindien.