Les dispositifs de reconnaissance des compétences transversales, entre affranchissements subjectifs et déplacements des rapports de domination

Auteurs-es

  • Sébastien Bauvet Frateli Lab/Article 1 / CMH

Mots-clés :

compétences transversales, soft skills, inégalités sociales, capital symbolique, subjectivation

Résumé

Les dispositifs sociotechniques d’évaluation, de développement et/ou de valorisation des compétences transversales notamment à destination des publics en formation ont pour ambition de contourner la valeur des qualifications et/ou des compétences techniques spécifiques, au profit de caractéristiques décrites comme plus profondes chez l’individu.

Ceci complexifie le rapport des individus à ses capitaux, puisque les épreuves (échecs, difficultés, manques initiaux) sont convertibles en ressources par le double prisme des apprentissages par l’activité – y compris dans ses dimensions douloureuses – et d’une démarche réflexive combinant essentiellement des dimensions psychologiques et pratiques.

Ces dispositifs n’échappent pas pour autant à certains paradoxes : en ne s’affranchissant qu’en partie des effets des capitaux scolaires (notamment à travers la constance du rapport au langage), ils prennent le risque d’une invisibilisation des inégalités sociales. Par ailleurs, si leurs mécanismes internes se détournent de la valeur symbolique des structures au profit de l’analyse des conduites et de l’expérience vécue, rien ne l’empêche pour autant de s’exercer dans le réel – ne résolvant donc pas les difficultés des individus pourtant mieux « reconnus ».

Il ressort de l’analyse théorique de dispositifs une ambivalence dans la construction du rapport à soi, entre affranchissement des repères normatifs en lien avec l’excellence scolaire et/ou la vision classique de la réussite professionnelle, et affaiblissement de la critique sociopolitique des processus de production pédagogique et pratique par l’individualisation des normes d’accomplissement.

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Publié-e

2022-08-22